• La pluie lave, délave.. Mais n'efface pas les sentiments

    Je cours trop, je dépense trop, je bois trop, je réfléchis trop. Maintenant plus que jamais, je cherche à combler mon vide, celui que m'a laissé l'amour en me claquant la porte au nez sans vraiment me consulter. J'ai tant couru à cette époque, essayé de rattraper les fragments que je retrouvais sur ma route. Dans la chaleur moite du mois d'août j'ai presque pris ça à la rigolade, m'octroyant une légèreté inconnue jusqu'à là. Maismaintenant je ressent tout le poids de ce que j'avais lâchement ou distraitement balancé : des tonnes de sentiments, des kilos de messages enflammés et quelques milliers de baisers passionnés. Jusqu'à son départ je ne concevais pas que l'amour puisse faiblir, ni même être pesant. Il a fuit pour ne plus suffoquer comme on fuit son pays totalitaire, avec des regrets mais tant d'espoir. Sans rompre les liens j'ai réorganisé ma vie, changé mes priorités, et équilibré mon quotidien. L'été est arrivé et jamais les femmes de ma vie n'auront été aussi belles, notre amitié n'a jamais été si précieuse. Les années passent, et pourtant mes sentiments n'ont pas rétréci au lavage, ils n'ont rien perdu de leur éclat.


    Comme un chat sauvage j'ai pris l'amour pour un jeu. Chaque nouvelle rencontre était une partie d'échec à venir, un jeu de carte à abattre. Je joue à un jeu sans adversaire hormis moi-même et ma difficulté à ressentir mes sentiments. Inconsciemment je les enfouis sous les vestiges du passé, les cache derrière un sourire ou des yeux pétillants. Longtemps je me suis crue incapable de toute expression sentimentale hors une attitude fidèle et attentive sans faille. Les veines de mon cœur de pierre ne semblaient faire couler que de la glace. Peut-être avais-je peur de l'intensité qui pouvait se dégager de moi, de voir à quel point ma vie dépend de certaines personnes. Elles se sont imposées à moi avec un mélange d'évidence et de douce patience. Leur présence indépendemment les unes des autres m'ont apporté ce qui me manquait, rassuré sur mes craintes et comblé ma vie. Elles ont fait de moi une personne entière, comme si chacune d'elles étaient fragmentée en moi. Peut-être que je n'ai pas voulu prendre connaissance de mes papillonnements par peur, par pudeur de me retrouver devant l'acte accompli, d'assister impuissante à la perte de ceux à qui j'aurais tout donné. Loin d'être docile, ma confiance est conquise à force de moments uniques, et d'une complicité inévitable. Combien ont cru voir en moi une personne une inconditionnelle de la distance et de la mesure. Cachée derrière le bouclier de la froideur apparente, j'ai confessé mes sentiments avec souvent une gêne paralysante. Certains ont attendu quelques mois, d'autres plusieurs années, souvent involontairement par la force des circonstances, parfois intentionnellement par témérité ou légèreté. Il y a eu des êtres avec qui le temps a fait son travail, d'autres à qui je pouvais crier que je ne pouvais me passer d'eux, j'en ai vu me demander quelle place ils avaient pour se rassurer. Au réveil la tête sur l'oreiller, à travers des sanglots devant l'imminence d'un départ, la bouche en cœur et les yeux rieurs. Sans doute ais-je pensé que l'amour me rendrait faible et incertaine. Pourtant j'ai dû me rendre à l'évidence qu'il est synonyme de grandeur et d'intrépidité. J'ai souvent dit que je serais capable de l'impossible, des plus belles surprises à d'incroyables coups de théâtre. Me porter secours à n'importe quelle heure de la nuit, attendre sous la fenêtre à la sortie de la boite, ne pas compter mes efforts pour ceux qui en ont besoin, aimer quand on m'y met au défi. A trop aimer je tombe dans la vertigineuse démesure.


    Les sentiments étaient l'encre de mes mots. Aujourd'hui je cours après les sentiments mais je fuis les mots, je fuis leur puissance, la vérité irrévocable qu'ils dégagent. J'écris toujours avec la même ferveur, dans un tel bordel que non vraiment j'ai beau tenté de mettre de l'ordre dans mes maux c'est toujours le fouillis dans mes lignes.


    26/08/09


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